Chantier d’Insertion Textile : à Sète, recycler en se formant, c’est possible

“La Boutik”, c’est le nom de cette “recyclerie" située aux abords de l’étang de Thau à Sète sur l’île de Thau, qui accueille cette année 15 salariés en CDDI (Contrat à Durée Déterminée d’Insertion). De l'extérieur, on pourrait penser que c’est une boutique comme une autre, mais en réalité, il s’agit d’un plateau technique où les salariés se forment à différents Titres Professionnels et acquièrent les comportements attendus en entreprise. En lien avec la Conseillère d’Insertion Professionnelle, leur encadrante technique, Fatima, les accompagne tout au long de leur parcours afin de favoriser leur insertion professionnelle et sociale. Aujourd’hui, nous rencontrons les salariés de La Boutik pour mettre la lumière sur les Chantiers d'Insertion et mieux comprendre comment ils fonctionnent.

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Cela fait 10 ans que le pôle Sétois de La Ligue de l’Enseignement Hérault accueille chaque année des salariés en Chantier d’Insertion Textile. Les salariés peuvent choisir de se former au Titre Professionnel d’Assistant(te) de Vie aux Familles ou celui d’Employé(e) Commercial(e). Il est également possible d’accéder à un Certificat de Qualification Professionnelle de Salarié(e) Polyvalent(e). Le public qui intègre le chantier d’insertion est éligible à l’IAE (Insertion par l’Activité Economique). Tout en portant les valeurs du développement durable, le Chantier d’Insertion Textile est aussi un moyen de s’insérer socialement. Aujourd’hui, nous rencontrons Frédérique, une salariée du chantier, qui nous invite à visiter les locaux tout en nous parlant de son expérience.

"On se professionnalise sur la boutique"

Cela fait maintenant plus de 6 mois que Frédérique a rejoint le Chantier d’Insertion Textile, les contrats ont une durée de 6 mois et sont renouvelables une fois. “J’ai connu ce dispositif via France Travail et la rémunération est quand même un facteur clé qui m’a fait choisir le chantier, nous sommes tout de même rémunérées pour ces 24 heures de travail” nous dit Frédérique tout en nous présentant l’arrière de la boutique. Tout le nécessaire y est : machines à laver, fers à repasser, séchoirs…On peut voir que les vêtements s’accumulent : “On reçoit un sacré volume de vêtements, les gens sont généreux !” énonce Frédérique en nous présentant aux deux salariées affectées au poste du “tri” qui rangent minutieusement les vêtements dans des bacs, selon le tissu ou la couleur. En fait, il y a différents postes que les salariés peuvent occuper au sein de la boutique, Frédérique nous explique : “Une matinée type c’est sur un poste spécifique : lavage, séchage, repassage, tri, vente ou caisse, moi, je préfère être à l’arrière aux postes de repassage, séchage, lavage, ça me permet d’être plus active”. On demande alors à Frédérique ce que lui apporte le Chantier d'Insertion : “À travers le chantier, on se forme, ça nous permet d’avoir un Titre”, elle nous explique aussi que 5 semaines de stage en entreprise sont obligatoires, mais utiles car elles permettent de mettre en pratique les postures professionnelles apprises avec les formateurs du Chantier d’Insertion. Enjouée, Frédérique nous dit qu’il ne lui reste plus beaucoup de mois au Chantier d’Insertion : “J’ai hâte d’obtenir mon Titre !”.

"On nous remet le pied à l'étrier"

Le Chantier d’Insertion est un vrai tremplin vers l’emploi qui promeut des valeurs de partage et d'entraide. À Sète, le Chantier d’Insertion Textile met en plus l’accent sur le recyclage : “Je me reconnais dans le principe du recyclage, je me sens satisfaite et j’ai l’impression de contribuer à quelque chose, en plus je peux passer un Titre, c’est tout bénef ! ” nous dit Frédérique, "C’est une bonne cause et ça va bien dans l’ère du temps", ajoute-t-elle. Le Chantier d'Insertion permet aux participants de retrouver confiance en eux-mêmes et de développer de nouvelles compétences. Frédérique souligne : "Pour l’estime de soi-même, pouvoir travailler à nouveau, être rémunérée pour ce qu’on fait et recycler, c’est un cercle vertueux comme on dit". Au-delà de l’aspect écologique, ce chantier offre une formation enrichissante et diversifiée. "Je pars avec un bagage de connaissances que je n’avais pas en arrivant. Certaines qui ne parlent pas très bien français repartent en ayant des bases solides, et on a même des ateliers mobilité pour le code de la route ou le permis, des ateliers maths, des ateliers informatiques…". Ces compétences sont essentielles pour faciliter l’insertion professionnelle et sociale des salariés. La Ligue de l’Enseignement Hérault met un point d’honneur à offrir des perspectives d’avenir à travers ses chantiers d’insertion. Frédérique en témoigne : "On nous remet le pied à l'étrier et ça devrait se solder par un emploi". Les Chantiers d’Insertion de la Ligue de l’Enseignement Hérault sont ainsi des vecteurs de transformation personnelle et collective, permettant à chacun de se réapproprier sa place dans la société et de bâtir un avenir prometteur.

"C’est le côté humain que je retiens le plus"

Le Chantier d’Insertion c’est aussi une aventure humaine. "On a affaire à plusieurs nationalités différentes, c’est génial de voir des personnes différentes", s'exclame-t-elle, soulignant la richesse culturelle qui caractérise ce chantier. La diversité est une source d'apprentissage et d'inspiration pour tous. Le chantier n'est pas seulement une opportunité professionnelle, c'est aussi une aventure humaine. "Rencontrer d’autres personnes, le travail en équipe, ça me plaît et je l’ai trouvé ici", confie Frédérique. Ce cadre favorise les rencontres et renforce l'esprit d'équipe, rendant le travail quotidien encore plus agréable. Ce qui ressort le plus de cette expérience, ce sont les liens humains. "On partage, on a toutes des histoires différentes" et "c’est le côté humain que je retiens le plus", dit-elle. Les échanges sont riches et le soutien mutuel omniprésent. "On est toutes contentes de se retrouver" et "on s'entraide même dans le privé", raconte Frédérique. Les salariés ne sont pas seulement des collègues ; ils deviennent des amis. Cette camaraderie se manifeste par des gestes simples mais précieux. "On finit par s’échanger les numéros de téléphone", précise Frédérique. Les liens créés dépassent le cadre professionnel, formant un véritable réseau de soutien. "On inclut tout le monde, on s’entraide", assure-t-elle, confirmant l'importance de l'inclusion et de la solidarité. Enfin, Frédérique insiste sur l'importance de la cohésion de groupe : "C’est le groupe qui compte, il faut qu’on aille jusqu'au bout !". Cette dynamique collective motive chacun à persévérer et à atteindre les objectifs communs.

"Il faudrait faire plus de pub sur les chantiers d’insertion"

Frédérique devient une fervente défenseuse de ce dispositif. "Il faudrait faire plus de pub sur les chantiers d’insertion", propose-t-elle. Selon elle, ces initiatives méritent d'être davantage connues pour que plus de personnes puissent en bénéficier. Frédérique imagine déjà d'autres domaines où le concept pourrait s'appliquer. "Il faudrait décliner le concept pour plusieurs domaines comme le tourisme", suggère-t-elle. Elle voit un potentiel énorme pour des projets similaires dans différents secteurs, apportant des opportunités d'insertion et des bénéfices à la communauté. Elle est aussi surprise d'apprendre que peu de personnes sont orientées vers les chantiers d'insertion. Frédérique est convaincue que ce dispositif devrait être davantage mis en avant, offrant ainsi plus de chances à ceux qui en ont besoin. Quant à son expérience personnelle, Frédérique fait les éloges du Chantier d’Insertion et de l’équipe, "Je recommanderai le chantier, l’équipe est géniale !", affirme-t-elle. Le soutien et la convivialité qu'elle a trouvés ici sont, selon elle, essentiels au succès du programme et à l'épanouissement de ses participants.