Fédération 31 de la Ligue de l'enseignement
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Images : Julien Borel, Élodie Dumoulin / Journaliste : Ariane Fronteau
Jeudi 8 juin, 10h, jardin des plantes de Toulouse. Aujourd’hui, c’est le dernier temps fort pour les jeunes de la deuxième session de Prépa apprentissage 2023. Ce dispositif porté depuis deux ans par la Ligue de l’enseignement de Haute-Garonne sur les villes de Toulouse et de Saint-Gaudens, accompagne des jeunes de 16 à 29 ans éloignés de l’emploi ou sans formation, dans la découverte et la validation d’un projet professionnel. À cette occasion, salariées du dispositif et jeunes résidant sur la ville de Toulouse témoignent.
Le soleil est au beau fixe mais la farniente, ce sera pour plus tard ! Aujourd’hui, une journée dense attend les stagiaires. Pour mettre un point d’honneur à cette formation qui aura duré 4 mois, les formatrices de Prépa Apprentissage leur ont concocté des activités tout au long de la journée. Au programme : escape game urbain dans Toulouse pour découvrir la ville sous un prisme culturel, visionnage de courts-métrages portant sur la lutte contre les discriminations réalisés par les stagiaires de Prépa Apprentissage de Saint-Gaudens et de Toulouse dans le cadre du projet « Discrimétrage* » ; puis ecologic game sur la biodiversité pour finir la journée.
Une remobilisation possible pour les jeunes
Après un escape game effréné dans les rues de Toulouse qui a rendu « très fière » Adeline, formatrice et Conseillère en Insertion Professionnelle sur le dispositif, les jeunes se posent et se confient sur ce qui les a amenés à intégrer Prépa Apprentissage. Inès, Bréna, Omar et Peter ont tous ont été contactés par leur conseiller de mission locale respectif, pour rejoindre cette formation afin de se mobiliser autour d’un projet professionnel. Omar se lance le premier : « J’étais dans l’hésitation, je venais d’être déscolarisé donc mon conseiller m’a proposé de participer à Prépa Apprentissage et j’ai dit « let’s go ». Son ami Peter ajoute : « moi c’est un peu pareil, je ne savais pas trop quoi faire. Il y avait une formation pour passer la première partie du BAFA, alors j’ai foncé ». Corentin, ancien stagiaire de Prépa Apprentissage, raconte à son tour : « j’étais déscolarisé depuis quelques mois. Prépa apprentissage m’a ouvert à de nouveaux horizons que je ne connaissais pas, ça m’a permis de rebondir ».
« Prépa apprentissage m’a ouvert à de nouveaux horizons que je ne connaissais pas, ça m’a permis de rebondir »
Une approche spécifique pour déployer le potentiel des jeunes
Prépa apprentissage, c’est avant tout une aventure dont le premier objectif est de « découvrir ou valider un projet professionnel avec le jeune » et de « l’amener jusqu’à l’emploi ou en formation en privilégiant l’apprentissage et la recherche d’un employeur », explique Élodie, Conseillère en Insertion Professionnelle (CIP) et coordinatrice pédagogique sur les sites de Toulouse et de Saint-Gaudens. Adeline, pleine d’énergie, a trouvé du temps dans cette journée rythmée pour partager son expérience et précise qu'on : « ne suit pas la pédagogie utilisée par l’éducation nationale, on utilise dans Prépa Apprentissage une pédagogie active et inversée. C’est-à-dire qu’on rend les jeunes acteurs de leur formation tout en ayant une approche ludique ». Ce type de format a d’ailleurs particulièrement plu aux stagiaires de la formation. Bréna déclare par exemple que « là, c’est pas comme à l’école, car on apprend à notre rythme ». Elle a aimé « les activités en collectif, l’ambiance, la manière des formatrices de nous faire apprendre des choses, de nous faire développer nos compétences. »
Un accompagnement progressif, individuel et collectif au service du jeune
Au début de la formation, « un temps de remobilisation est nécessaire pour« reprendre un rythme de vie, de travail, car ce sont souvent des jeunes qui ont décroché depuis longtemps soit du travail soit de l’école et qui ont perdu un peu les codes », explique Élodie. C’est ensuite que vient le temps des ateliers sur les techniques de recherche d’emploi, le CV, la lettre de motivation, le pitch de présentation à un employeur, la méthode des enquêtes métiers, et de recherche de stages. « On ponctue aussi le parcours avec des interventions de professionnels en fonction de la demande des jeunes soit sur la laïcité, la citoyenneté, sur les addictions », détaille-t-elle.
Le développement de compétences multiples
Les effets de cette pédagogie semblent porter leurs fruits. Corentin, ancien stagiaire de Prépa Apprentissage, raconte que cette formation lui a permis de travailler sur sa « posture professionnelle, sur comment trouver un travail ». Il ne regrette rien : « Si je devais dire quelque chose aux futurs stagiaires, c’est qu’il faut sauter le pas. On sort grandi de cette expérience. C’est dur et soutenu comme rythme, mais c’est vraiment bien ». Peter, quant à lui, remarque une évolution globale à l'issue de ces quatre mois de formation : « on travaille sur notre mental, sur notre langage, sur la posture professionnelle. On évolue dans tous les domaines, que ce soit professionnel ou personnel, que ce soit en groupe ou en individuel ». Chaque apprenant cherche donc à progresser sur ses propres lacunes. Pour Bréna, c'est l'autonomie et le travail en équipe qu'elle a particulièrement travaillé pendant la formation. Prépa Apprentissage lui a permis de s’ouvrir aux autres : « avant, j’étais toujours seule dans mon coin, je n’aimais pas trop parler avec les gens. Là, j’aurai appris dans ma future vie professionnelle à travailler en équipe, à m’exprimer mieux ». Inès, la plus réservée du groupe, prend la parole : « grâce à la formation, je suis moins timide qu’avant, je suis plus à l’aise à l’oral. »
« On évolue dans tous les domaines, que ce soit professionnel ou personnel, que ce soit en groupe ou en individuel »
Avec son regard de formatrice et conseillère en insertion professionnelle, Elodie confirme que les évolutions sont réelles : « dès le retour (du stage), on voit chez quelques-uns un changement positif avec une posture différente. Ils ont pris conscience que la posture était importante dans le monde du travail. » Pour sa collègue Adeline, « ils ont retenu la ponctualité, la cohésion, l’esprit d’équipe malgré leurs différences. Cette dernière précise aussi qu’elle a vu « les jeunes évoluer dans le sens où ils ont pris en maturité. Ils arrivent à se remettre en question et voir ce qui est acquis et ce qui leur manque ».
Une équipe mobilisée pour l’épanouissement des jeunes
Mais pour que la dynamique prenne avec les jeunes, il faut avant tout une équipe de formatrices motivées. « Ce qui est important pour moi, ce que je recherche dans mon métier, c’est d’être utile. Le public jeune m’intéresse énormément : c’est pour ça que je me suis lancée les yeux fermés dans ce projet », explique Adeline. Sa complicité avec les jeunes qu'elle accompagne s'explique notamment dans la ressemblance de leurs parcours personnels et professionnels : « ce qui me plaît dans ce projet, c’est que ça me correspond par rapport à mon parcours. J’ai un parcours qui a été atypique (…) dans le sens où j’ai pas forcément suivi l’éducation nationale ; j’ai dû passer par des paliers : BEP en alternance, bac pro en alternance, pour arriver à monter des échelons ». Élodie, de son côté, a à cœur de « permettre à ces jeunes de pouvoir avoir un accompagnement personnalisé et que l’on puisse réaliser le projet de chacun ». « C’est ce qui me parle en termes de valeurs », conclut-elle.
Une porte ouverte vers de nouveaux possibles
La formation a éclairé les jeunes sur leur projet professionnel à court et moyen terme. Omar commence : « j’ai déjà trouvé mon stage pour la deuxième partie du BAFA, je vais le faire à la MJC d’Empalot. Là, je cherche un patron pour une alternance qui s’appelle « Assistant manager Unité marchande ». Peter recherche actuellement un stage « pour faire la suite du BAFA ». Bréna, quant à elle, aimerait devenir « animatrice et esthéticienne » et Inès souhaite faire « un CAP AEPE (Accompagnant Educatif Petite Enfance) ». Corentin, ancien stagiaire, a d’abord été en service civique « avec l’UFOLEP » (service de la Ligue 31) à la suite de la formation et va débuter en octobre un « CQP Animateur Loisirs Sportif pendant 8 mois » au sein de l’association.
Les jeunes, accompagnés de leurs formatrices, vont bientôt partir pour le cinéma Le Cratère afin de visionner les courts-métrages de lutte contre les discriminations réalisés par leurs collègues stagiaires. Élodie revient sur cette expérience : « L’année dernière, la session de Toulouse en a réalisé un car elle a participé au concours Discrimétrage (créé par la Ligue de l’enseignement et soutenu par la Région) pour la lutte contre les discriminations. Le deuxième court-métrage que l’on va voir, c’est le court métrage réalisé cette année par la session de Saint-Gaudens qui ont reçu hier le prix de l’engagement ».
« Intense », « évolution » ou encore « grandissante », voici quelques mots brefs mais parlant qui ressortiront de l'expérience de ces apprenants au sein de Prépa Apprentissage.
*Discrimétrage : Concours Régional Occitanie de courts-métrages lycéens pour la lutte contre les discriminations
organisé par la Ligue de l’Enseignement avec le soutien de la Région.
Images : Julien Borel, Élodie Dumoulin / Journaliste : Ariane Fronteau