Contenu proposé par :
Image : Julien Borel / Journaliste : Apolline Tarbé
Les 24 et 25 avril 2023, cinq Junior Associations vendéennes se sont retrouvées dans l’un des centres de vacances de la Ligue de l’enseignement sur l’île de Noirmoutier. Une rencontre inédite, impulsée et organisée par la fédération 85 de la Ligue. Pendant deux jours, les jeunes bénévoles ont bénéficié d’un accompagnement conçu pour eux et ont appris de leurs expériences mutuelles ; le tout dans une ambiance joyeuse et conviviale. Leurs témoignages, glanés au fur et à mesure du weekend, sont un véritable appel à l’engagement. À tous les jeunes qui hésiteraient encore, voici cinq bonnes raisons de franchir le cap de la Junior Association.
Monter des projets enthousiasmants et ambitieux
Créer ou intégrer une Junior Association, c’est se donner un cadre pour réaliser des projets qui nous tiennent à cœur, dans tous les domaines : la culture, le sport, le numérique, l’écologie, l’humanitaire, l’audiovisuel… Le champ des possibles est aussi grand que les envies et les centres d’intérêt de chacun. La diversité des JA présentes à Noirmoutier en témoigne.
Timothée, 20 ans, est très fier d’avoir participé à la construction d’un escape game aux Sables d’Olonne. Il raconte : “c’est un escape game sur Jean-Nau l’Olonnois, l’un des plus grands pirates vendéens, qui a été créé uniquement par des jeunes ! Une cinquantaine de jeunes ont travaillé dessus en tout”. Il revient sur l’envergure du projet : “pendant un an et demi, il y a eu toute la partie administrative autour de l’idée. C’est quand même un projet validé par un historien spécialiste du sujet. On a négocié un local avec la mairie, juste à côté de l’espace jeune”. Une fois le local accordé commence le chantier de construction, entièrement géré par les jeunes eux-mêmes. “Il faut le faire pour s’en rendre compte !” s’écrie Timothée. “Entre juillet et août, on y était 7 jours sur 7, de 10h à 20h”. Des vacances qu’il n’est pas prêt d’oublier. L’escape game, ouvert depuis les vacances d'avril pour une durée de deux ans, connaît un réel succès.
Maëlla, de son côté, a fondé Smyle, une association qui organise des actions de financement pour d’autres petites associations de sa commune. Une façon pour elle et ses camarades de soutenir des causes qui leur sont chères. L’année dernière, le loto organisé par l’association a permis de reverser 3000€ à une association de protection animale. Cette année, c’est la lutte contre le cancer du sein qui a été choisie par les bénévoles. “Ce qui me plaît”, commence Maëlla, “c’est d’aider et de créer des événements. On choisit ce qu’on veut faire. Cette année, on veut organiser une soirée dansante, bah on le fait. Il y a un truc de liberté”.
De son expérience au sein de la JA humanitaire Made In Cambodge, Tara retient la même chose. Tout au long de l’année, l’association organise des manifestations pour lever des fonds et financer des actions éducatives au Cambodge et au Sénégal. “Voir que nos efforts paient, que les enfants reçoivent nos fournitures, etc., c’est vraiment incroyable. Aider les enfants avec nos moyens, à notre échelle, c’est une super expérience” témoigne-t-elle.
Les jeunes sont unanimes : mener à bout un projet est particulièrement gratifiant - particulièrement lorsqu’il s’agit d’aider les autres.
Bénéficier d’un cadre sécurisant pour son projet
L’intérêt de la Junior Association réside aussi dans le cadre qu’elle pose pour les jeunes. Le dispositif des JA existe depuis plus de vingt ans et s’est structuré pour accompagner au mieux les bénévoles et leurs projets. Au niveau national, le site du Réseau National des Junior Association (RNJA) propose une multitude de ressources à destination des adhérents. Dans tous les départements, des relais animent la communauté des JA sur leur territoire. Et au niveau local (dans les foyers jeunes, les centres sociaux, les collèges, les lycées…) des professeurs ou animateurs accompagnent les jeunes au quotidien dans leur projet associatif.
Alexis, investi depuis plusieurs années dans une association humanitaire créée dans son lycée, apprécie particulièrement cet aspect. “C’est rassurant d’avoir une entité qui cadre la chose”, confie-t-il. Noella, bénévole dans la même association, confirme : “appartenir à un réseau comme le RNJA, ça permet d’entrer dans quelque chose de structuré, où on nous donne les outils et les moyens d’y arriver. Alors que seuls, c’est très compliqué”.
Pour Jules, fonctionner en réseau, c’est aussi grandir grâce aux autres : “y en a pas des millions, des JA. Donc pouvoir compter les uns sur les autres et gagner de l’expérience, c’est vraiment important”.
C’est notamment le but de cette rencontre à Noirmoutier : faire rencontrer les JA de Vendée pour qu’elles apprennent les unes des autres et qu’elles créent des ponts.
Grandir grâce aux responsabilités
Porter un projet au sein d’une Junior Association, c’est plonger dans le monde des adultes et découvrir un ensemble de nouvelles compétences : la logistique, la trésorerie, l’administratif, la communication…
À Chaillé-les-Marais, dans le Sud de la Vendée, une quinzaine de jeunes ont créé une Junior Association pour gérer le foyer des jeunes de la commune. Un an plus tard, ils sont tous impressionnés du chemin parcouru. “En même pas trois mois, on a vraiment pris en maturité”, observe Clémence. “En fait, les autres nous influencent, et c’est de la bonne influence”. Son amie Jada confirme : “c’est vraiment un endroit où on se responsabilise”.
Oscar, président de l’association à seulement 12 ans, a principalement grandi sur le plan humain : “ça m’a beaucoup appris pour les gestions de conflit : comment gérer un désaccord sans l’empirer, sans blesser la personne”. Son cousin Louison, trésorier, a découvert tout un monde : “j’ai appris plein de choses sur la trésorerie et le budget prévisionnel. Ça m’a fait mûrir et comprendre le goût du travail et de l’effort”, estime-t-il.
Pour les plus âgés, les compétences gagnées en Junior Association représentent un atout précieux dans leurs premiers pas professionnels. En postulant dans des entreprises pour des premiers boulots, Noella et Alexis ont réalisé à quel point leur expérience était valorisante. “Écrire sur son CV qu’on a un engagement citoyen, qu’on fait partie d’une JA, qu’on a été dans un bureau, qu’on a organisé des événements… ça attire la curiosité” remarque la première. “Ce sont des compétences recherchées par le monde professionnel”. Son ami complète : “ça permet une insertion plus certaine pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail avec une connaissance de certaines choses organisationnelles, de l’autonomie, du travail en équipe… Des valeurs qui sont importantes pour le monde professionnel”.
Défier les clichés sur les jeunes
En donnant à voir des jeunes engagés et mobilisés dans des projets associatifs, les JA contribuent aussi à changer le jugement des plus âgés sur la jeunesse. “Ça a changé le regard des adultes sur nous” affirme Louison, catégorique. “Au début, les gens nous disaient : c’est quoi en fait une JA ? C’est vraiment vous qui tenez les comptes ? Eh bien oui, c’est nous qui faisons tout ça ! Maintenant, certains comprennent, mais le quatrième âge a encore un peu de mal”, blague-t-il.
Dans les communes, il est souvent très apprécié que les jeunes s’investissent dans la vie locale. “Avant le foyer, on avait pas du tout de projets du même style”, se souvient Oscar. “Aujourd’hui, on participe à la vie de la commune. Ça montre que les jeunes s’impliquent dans les associations, et tout ça”. Aux Sables d’Olonne, où la JA d’audiovisuel Monster Prod a organisé des ciné-débats, les retours sont enthousiastes. “Les habitants sont contents que ce soit des jeunes qui fassent ces projets et redynamisent le coin dans des événements intergénérationnels”, raconte Jules.
S’amuser et se faire des amis
Rejoindre une JA, c’est certes monter des projets, gagner des responsabilités, apprendre de nouvelles compétences… mais c’est surtout s’amuser en rencontrant de nouvelles personnes ! Tous les jeunes présents à Noirmoutier témoignent des belles relations d’amitié qu’ils ont nouées autour de leurs projets.
À commencer par Clara, 13 ans : “franchement, moi, le foyer, ça m’a redonné la joie de vivre. Avant, j’étais pas très bien dans ma peau, et là je suis mieux : ça m’a fait plaisir de rencontrer tous mes camarades du foyer, de faire toutes ces activités et ces sorties”. Elle est certaine d’y rester l’année prochaine.
Pour Jules, la JA a aussi été déterminante dans ses années lycéennes. “Avant, je faisais pas grand chose de ma vie. Là, c’est le jour et la nuit. J’adore l’ambiance, les gens… Ce qui me plaît, c’est vraiment cette idée de groupe, et de pouvoir faire des trucs qu’on n’a pas l’habitude de faire”, conclut-il.
Antoine, 14 ans, est rentré il y a un an dans la JA créée à l’espace jeunesse de Saint-Hilaire-de-Riez. Il y a rencontré des amis et s’épanouit dans ce nouveau cercle : “appartenir à une association, ça nous fait évoluer. On appartient à un groupe, vraiment”. À côté de lui, Elsa abonde : “on se sent intégrés dans la ville”. Le groupe tient régulièrement une buvette dans les événements de la mairie, pour financer un voyage en Grèce d’ici quelques années.
Pour tous les jeunes, s’engager en JA est avant tout une chance et une joie. Pour Tara, c’est même le plus important. “C’est un loisir, pas un travail !” s’exclame-t-elle. Même si l’engagement associatif représente son lot de responsabilités, il doit avant tout rester un plaisir : “il ne faut pas se forcer à travailler, ou tomber dans le cadre d’une entreprise. Le but, c’est de se faire plaisir”.
Et à observer les cinq associations présentes lors de ce séjour, l’objectif semble accompli !
Image : Julien Borel / Journaliste : Apolline Tarbé