Normandie

L’union fait le printemps, un collectif pour célébrer la diversité

L’union fait le printemps, un collectif pour célébrer la diversité

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Image : Antoine Escuras / Journaliste : Grégoire Osoha

Publié le 16 septembre 2024 à 9h00 - Durée : 8 mn

Dans le département de l’Orne, plusieurs associations font l’expérience du collectif pour sortir de l’isolement et affronter les défis des années à venir. Ensemble, elles ont créé Le Printemps de la diversité. Christian (président de la Ligue de l’enseignement de l’Orne), Albert (administrateur de la Ligue de l’enseignement de l’Orne et de l’association Les amis des jeux), Francine (administratrice de Réseau Education Sans Frontières et du Planning familial de l’Orne) et Marion (salariée du Planning familial de l’Orne) se sont réunis pour en discuter deux heures durant. Extraits.


Les origines du Printemps de la diversité

Albert
« Il y a toujours eu l’envie de ne pas travailler tout seul. C’est important pour moi de commencer par rappeler que la Ligue de l’enseignement est un mouvement d’idées. On ne fait pas les activités pour elles-mêmes. Les activités sont au service de nos idées. Donc on a l’obligation de s’ouvrir pour entraîner les autres. Mais avoir l’intention de travailler ensemble est une chose, la réaliser en est une autre. »

Christian
« L’idée du Printemps de la diversité est apparue il y a trois ans. Nous étions plusieurs structures à nous réunir. Il y avait la Ligue de l’enseignement, le CROUS, le Bureau Information Jeunesse (BIJ), La Cimade, le Réseau Education Sans Frontières (RESF), etc. Ensemble, on se disait qu’il fallait organiser un événement à Alençon qui fasse le lien entre le festival Migrants’scène organisé par La Cimade en novembre-décembre et la Fête d’ici et d’ailleurs qui a traditionnellement lieu au mois de juin. Je dirais que l’idée de mettre la diversité à l’honneur s’est naturellement imposée. C’est une valeur qui nous rassemblait tous autour de la table. »

Francine
« Nous avons rapidement été rejoints par l’association Accueil et Promotion des Etrangers ainsi que par les Maisons de quartier. Nous avions envie que l’initiative permette d’intégrer toutes les communautés du territoire. On trouvait aussi intéressant d’associer à notre démarche des institutions publiques. »

Francine et Marion, du Planning familial

La concrétisation en trois éditions

Christian
« Le principe du Printemps de la diversité, c’est que chaque structure qui souhaite participer peut le faire en proposant une initiative culturelle (café-concert, expo, film…) dont le thème touche d’une manière ou d’une autre à la diversité. L’idée principale, c’est de favoriser la rencontre entre les gens. La première année, le festival durait quinze jours et c’était beaucoup trop dense. La deuxième année, ça durait trois mois et c’était beaucoup trop long. La troisième édition a duré un mois et ça semble être la bonne mesure. Une vingtaine de structures participent en moyenne. C’est bien mais j’espère qu’on sera plus nombreux dans les années à venir. »

Francine
« Ce qui est super, c’est que le thème de la diversité est suffisamment large pour que quasiment tout le monde s’y retrouve. Nous par exemple, au Planning familial, on s’est saisi de la diversité de genre. D’autres ont traité la question du handicap. Ça demande simplement un peu d’anticipation parce que les structures doivent annoncer suffisamment en amont leur initiative pour qu’elles intègrent la programmation du festival. »

Albert
« Il faut que ce soit ouvert à tout le monde : c’est le fil rouge. Au début, nous étions très tournés sur Alençon, qui est l’épicentre de l’Orne. Mais maintenant, nous allons au Mêle-sur-Sarthe, à La Ferté-Macé, à Domfront – où il y a un centre d’hébergement pour demandeurs d’asile. »

Marion
« L’Orne est un département très rural, donc on essaye d’aller au devant de la population. Avec le Planning familial, on a diffusé le film Smoke sauna sisterhood au cinéma de La-Ferté-Macé. Ça faisait longtemps qu’on voulait le faire et le Printemps de la diversité nous a donné le petit coup de boost. Il y avait une quinzaine de spectateurs. Ce n’est pas beaucoup mais c’est une amorce. Il faut continuer à proposer des événements pour que le public nous connaisse et vienne en nombre les prochaines fois. »


Le savoir-faire du faire-ensemble

Christian
« Notre collectif est informel. La Ligue de l’enseignement sert juste de support technique. N’importe quelle structure ornaise peut venir aux réunions de préparation et participer à la prise de décisions. »

Marion
« La Journée d’ouverture rassemble toutes les organisations. Ça permet de créer du lien entre nous et de faire la promotion des activités de chacun. On se met au courant de qui est qui, de qui fait quoi. Et on évite de la jouer perso. Par exemple, au Planning familial, nous renvoyons souvent les demandes à propos des LGBT vers l’association Orne-en-ciel. »

Christian
« Pour que ça marche, il ne faut pas que le festival soit une surcharge de travail pour les structures qui participent. Il est donc possible et même encouragé d’inscrire dans le programme des projets préexistants. C’est le cas de notre fête de clôture qui n’est autre que la Fête d’ici et d’ailleurs, un événement qui existe depuis quarante ans. Chaque structure est ensuite autonome dans la réalisation de son propre événement. Mais bien sûr, nous favorisons beaucoup l’entraide. »

Christian, de la Ligue de l'enseignement


Les enfants du Printemps

Christian
« Grâce à nos discussions en marge du festival, nous avons monté une intervention en partenariat avec le Planning familial auprès des membres de la communauté d’Emmaüs, sur les sujets du racisme et du sexisme. »

Marion
« Le Printemps de la diversité a été l’occasion de rencontrer des enseignants et de leur donner envie que le Planning familial intervienne dans leur classe. »

Francine
« Le Printemps de la diversité a vraiment créé des ponts entre les structures. Bien au-delà de la période du festival. Ça nous arrive par exemple de nous prêter des outils pédagogiques. Au Planning familial, nous avons ainsi pu mieux appréhender la question des migrations. »


Quelques obstacles à surmonter

Christian
« La difficulté principale, c’est la disponibilité des uns des autres, que ce soit les bénévoles ou les salariés. »

Marion
« L’étendue du territoire est un autre problème important. Se déplacer coûte de plus en plus cher et il faut trouver les moyens de financer nos activités. On envisage de demander des subventions au Conseil départemental pour les prochaines éditions du festival. »

Albert
« C’est rare mais il peut arriver que certaines structures soient réticentes à l’idée du partage, de la mise en commun. La plupart du temps, c’est parce qu’elles ont peur d’être dépossédées de leurs prérogatives. »

Marion
« On essaye aussi d’éviter les sujets délicats comme la prostitution ou le port du voile car ça risque de braquer certains. On y va petit à petit. »

Christian
« En général, le fait de se rencontrer physiquement change énormément de choses. On met une tête derrière chaque structure et on fait tomber les a priori. »

Albert, de l'association Les amis des jeux


Et après ?

Albert
« L’urgence, c’est le combat contre les idées d’extrême-droite. L’actualité politique nous force à collaborer. Dans la dynamique du Printemps de la diversité, nous avons créé un collectif avec plusieurs structures du territoire, dont des syndicats. »

Christian
« L’enjeu principal, c’est de « départementaliser », de sortir d’Alençon pour aller vers les territoires ruraux, là où les votes sont les plus inquiétants. A la Ligue de l’enseignement, nous devons continuer à impliquer notre propre réseau. Ce n’est qu’en renforçant nos connexions que nous y arriverons. Pendant les élections européennes, nous avons été à l’initiative d’un appel contre l’extrême-droite. Et rebelote pendant les élections législatives anticipées. Une vingtaine d’associations ont joué le jeu. »

Marion
« Le Planning familial a joué le jeu et signé l’appel de la Ligue de l’enseignement. C’était une période chargée et le Contrat d’engagement républicain nous y a fait réfléchir à deux fois, mais c’était important pour nous de se joindre au mouvement. »


En conclusion

Christian
« Le Printemps de la diversité a changé quelque chose dans notre rapport au monde associatif. On est beaucoup plus ouvert aux autres dorénavant. On a beaucoup plus de contacts et on mène des actions ensemble. »

Marion
« La Ligue de l’enseignement est connue et reconnue. Elle a la capacité à créer du lien avec un grand nombre d’acteurs du territoire, ce que le Planning familial n’aurait jamais pu faire seul. »

Francine
« On est affilié à la Ligue de l’enseignement pour des raisons philosophiques mais aussi, il faut le dire, parce qu’elle propose des outils très utiles. Que ce soit un logiciel pour la comptabilité, des grandes salles de réunions ou une newsletter comme Repères 61 qui met chaque mois à l’honneur une nouvelle association. J’ai aussi suivi une formation sur la gestion d’une association où j’ai rencontré des personnes s’intéressant à la conservation du patrimoine ou la gestion de l’eau que je n’avais jamais rencontrées jusque-là. »

Albert
« Travailler avec les autres est extrêmement riche d’un point de vue humain. »

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8 mn
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Image : Antoine Escuras / Journaliste : Grégoire Osoha

Publié le 16 septembre 2024 à 9h00 - Durée : 8 mn

Merci aux intervenants de s'être prêtés au jeu de l'interview collective et merci à Daniel et Christiane, bien présents lors de l'entretien mais pas retenus dans la retranscription afin de faciliter la lecture de l'article. Longue vie à leur association Ciné Pays Mêlois !